
Se faire soigner en Suède en tant que Français: le parcours du combattant
- Léa SANTELLI
- il y a 3 jours
- 3 min de lecture
Partir vivre ou travailler en Suède séduit de nombreux Français chaque année, attirés par la qualité de vie, les paysages nordiques et une société réputée pour son efficacité. Mais lorsqu’il s’agit de se faire soigner, l’expérience peut rapidement virer au casse-tête, voire au parcours du combattant, pour un ressortissant français. Derrière l’image d’un système de santé performant, la réalité du terrain peut se révéler complexe, déroutante et parfois frustrante pour les expatriés. Voici un aperçu des obstacles que rencontrent de nombreux Français lorsqu’ils cherchent à accéder aux soins en Suède.
Un système très différent du modèle français
En France, l’accès aux soins repose sur une large offre de professionnels de santé libéraux et sur une sécurité sociale qui prend en charge une grande partie des frais. En Suède, c’est un système très centralisé, organisé par régions où la majorité des soins passe par le secteur public.
Cela signifie que :
-Il faut souvent passer par un centre de soins primaires (vårdcentral) pour toute consultation, même banale.
-il est presque impossible de consulter un spécialiste sans avoir d’abord vu un médecin généraliste qui fait office de « filtre ».
-Les délais d’attente peuvent être très longs, parfois plusieurs semaines pour une simple consultation.
2.L’obstacle de l’enregistrement
Avant même de pouvoir consulter, un expatrié français doit souvent s'enregistrer dans le système suédois via le “personnummer”(numéro d'identité suédois). Or, obtenir ce précieux sésame dépend d’une inscription à la population- un processus administratif qui peut prendre des semaines, voire des mois.
Sans ce numéro :
-Impossible de s’inscrire dans une vårdcentral.
-Impossible de bénéficier du tarif subventionné.
-Impossible d’utiliser les services en ligne de santé (comme 1177.se).
En attendant, il reste la solution de la consultation privée… à prix fort.
3. Le choc culturel et linguistique
Même si de nombreux Suédois parlent un excellent anglais, l’expérience médicale reste fortement marquée par la langue locale. Les interfaces en ligne, les documents administratifs, les ordonnances ou encore les résultats d’examens sont majoritairement en suédois.
De plus, la culture médicale suédoise est très différente :
Peu de prescriptions systématiques (antibiotiques, paracétamol, examens).
Une tendance à privilégier la surveillance et la patience plutôt que l’intervention rapide.
Une forme de « minimalisme médical » qui peut frustrer les Français habitués à un suivi plus actif.
4. Les frais de santé : un modèle à part
En Suède, les soins sont en partie payants, mais plafonnés. Par exemple :
Une consultation chez un généraliste coûte entre 150 et 300 SEK (environ 13 à 26 €).
Les soins sont gratuits pour les enfants.
Une fois que vous avez atteint un plafond annuel (autour de 1300 SEK), le reste est gratuit.
Mais pour les Français non encore inscrits dans le système suédois, aucun remboursement n’est prévu — sauf à avancer les frais et demander un remboursement ultérieur via la carte européenne d’assurance maladie (CEAM), souvent laborieux.
5. Solutions et conseils pour éviter les écueils
Malgré les difficultés, il est possible d’alléger ce parcours du combattant :
Avant de partir, demandez votre carte européenne d’assurance maladie (CEAM).
Dès l’arrivée, entamez immédiatement la demande de “personnummer”
Inscrivez-vous rapidement dans une vårdcentral— certaines ont des délais plus courts que d’autres.
Utilisez les services en ligne (1177.se) une fois enregistré, pour poser des questions ou prendre rendez-vous.
Souscrivez une assurance complémentaire si vous êtes encore en transition administrative.
Apprenez quelques bases de suédois médical, cela facilite grandement les échanges.
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